L'Oreille à la page : l'indicatif de l'émission
Pourquoi cet indicatif (texte de présentation de l'émission n°231 du 9
novembre 2010) :
Je vous l’avais annoncé début septembre : le changement d’indicatif de
L’oreille à la page était prévu. Je trouvais que le piano des Souvenirs de
Bayreuth composés par André Messager et Gabriel Fauré se déglinguait de plus
en plus. Ce joyeux indicatif wagnérien aura donc tenu 230 fois, bravo et
merci.
Le nouvel indicatif que vous venez d’entendre est extrait de la scène finale
de l’opéra pour enfants de Hans Kráza : Brundibár, dans l’interprétation
qu’en donna le chœur d’enfants du Théâtre du Capitole de Toulouse vers 1990.
La dernière fois que vous l’avez entendu dans cette émission, c’était le 16
février dernier, dans l’édition numéro 204 (en libre écoute à la rubrique «
Écouter ») au cours de laquelle je vous
adressais des cartes postales musicales de Prague. Brundibár y figurait pour
illustrer le bouleversant mémorial juif du camp de Teresin. Cet opéra pour
enfants a été créé dans un orphelinat juif de Prague durant l’hiver 1942-43.
Beaucoup de ces enfants l’ont rechanté dès juillet 1943 lorsqu’ils furent à
leur tour déportés à Teresin. Ce spectacle fut donné là-bas 55 fois et
servit, pour les Nazis, à leurrer La Croix Rouge internationale. Tous les
participants à ce naïf opéra sont partis en fumée dans les fours des Nazis.
A commencer par le jeune orphelin Honza Treichlinger qui incarnait Brundibár
et périt à Auschwitz. Le très francophile compositeur Hans Kráza, élève de
Zemlinski, arriva à Terezin le 10 avril 1942 et finit à Auschwitz le 17
octobre 1944.
Tous ont chanté « Le tyran est perdu, on ne s’est pas laissé faire, on a
gagné la guerre, les enfants ont chanté …/… pas un seul n’a eu peur devant
ce dictateur ».
Alors, en un temps où l’extrême droite redresse la tête un peu partout en
Europe, en cette époque qui voit les valeurs de notre république méprisées
par le sarkozisme, quand un gouvernement de France rafle des étrangers qu’il
a ciblé et les expulse, moi, Claude Dubois, producteur et animateur d’un
magazine musical dans une radio d’informations sociales et syndicales, Radio
Mon Païs, je vous demande d’écouter cet indicatif et de l’entendre comme un
message militant pour la paix et pour la fraternité. Celles et ceux qui ne
seraient pas d’accord n’ont qu’à tourner le bouton de leur poste.
Dernières mises à jour : 11/06/2017